Les relations avec le tourisme vont muter à partir de 2020

Si la fin l’année 2019 a été marquée par un « tourisme bashing » qui s’insurge contre les excès de quelques destinations, le printemps 2020 sera à n’en pas douter la fin d’une ère insouciante en faveur du tourisme, en particulier pour les destinations à vocation internationales.

Les conséquences du confinement mondial sur les acteurs touristiques suite à l’épidémie de Coronavirus vont changer regard de la part des autochtones sur les clientèles touristiques pour devenir méfiant, voir hostile. Les exemples récents d’exodes urbaines en pleine crise sanitaire dans les stations de montagne ou nos territoires ruraux n’ont fait qu’ajouter à ce sentiment de méfiance et de rejet. A cela s’ajouter pour l’été 2020 la fermeture des frontières qui va inciter a effectuer des séjours sur le territoire nationale. Avec des fortes incertitudes sur le taux de départ en vacances en 2020 qui sera nécessairement impacté.

La mondialisation n’est plus LA solution miracle, et les pratiques qui s’appliquent en matière de circuit court pour l’alimentation risquent de devenir un réflexe pour de nombreux opérateurs touristiques. Ainsi le développement commercial qui était sans limites devrait s’orienter vers de nouvelles cibles, plus proches et mieux identifiées. Dans le même registre, la relation client longtemps délaissée par les acteurs de l’hébergement va devenir la priorité ce qu’elle aurait toujours du être au demeurant. Le rôle dédié aux OTA pourrait connaître des parts de marché en diminution.

Cependant pour que cette remise en cause produise des effets bénéfiques sur les choix des hébergeurs et prestataires par les clients, celle-ci nécessite de revoir son organisation et d’intégrer dans son développement une place de choix à la fonction marketing et commerciale. Chercher le développement sans s’intéresser à ses clients conduit à un non sens en termes de finalité. Ainsi l’hôte se moque de connaître d’où vous venez, quelles sont vos centres d’intérêts et si vous souhaitez revenir, il privilégie la discussion avec son opérateur. Selon les types d’hébergements et les offres nous constatons des taux de fidélisation qui varient de 30% à près de 70% alors qu’attendez vous pour agir ?

La course à l’investissement en matière d’équipements ou de lits touristiques qui conduit au développement tout azimut et non maîtrisé de la fréquentation doit être reconsidéré. L’équilibre que nous plaidons depuis plus de 15 ans entre le niveau raisonnable d’activité d’un côté et les charges de fonctionnement et d’investissements de l’autre doit devenir le bon réflexe en particulier pour nos territoires ruraux comme pour nos massifs pour les porteurs de projets.

Les valeurs et les tendances récentes en faveur d’un retour aux circuits courts vont inévitablement impactées les achats d’investissements et de fournitures par les gestionnaires d’équipements touristiques. Pour cela, la France et l’Europe doivent développer les ressources nécessaires dans le secteur de la recherche et développement qui est délaissé dans le domaine touristique. En effet, malgré les actions du réseau France Tourisme Lab qui soutien l’innovation dans de nombreuses régions, les fonds d’investissements demeurent insuffisants en faveur de la recherche et développement.

Il est temps de tirer les leçons pour évoluer vers un tourisme raisonné, accepté et profitable à tous, dans des conditions économiques supportables, au bénéfice des destinations et des clients et pas seulement des investisseurs.

David Paquet Gérant du Cabinet Alliances